Des mots pour s'exciter

 

Bonjours Paris : Récemment, les utilisateurs du réseau social Facebook étaient questionnés sur dix lectures qui les avaient marqués. J'ai y participé, me remémorant avec joie des poèmes ou des romans qui m'avaient troublée. J'ai envie de vous faire connaître quelques autres lectures importantes pour moi, qui m'ont fait découvrir le désir, les extrêmes du désir, et une sexualité affirmée.

Aucun de ces livres n'est véritablement un roman érotique, mais chacun comporte une bonne dose de romantisme trash.

1. Ma vie horizontale, journal d'une sérial coucheuse, de Chelsea Handler

L'auteure est hilarante, racontant ses histoires d'un soir. Elle ne se sent pas honteuse du tout et se confie sur son fantasme de nains, ses culottes sales, sa vodka, ses mensonges et ses flatulences. Peu importe ce que nous pensons du nombre élevé de mecs qui l'ont vue toute nue, elle trouve qu'il est important de découvrir rapidement et non après trois mois si nos fréquentations sont du type boules anales ou foulard dans la bouche.

Extrait: «Il y a quelque chose de vraiment merveilleux à propos d'un homme qui sait comment prendre une femme. J'ai pensé que c'était peut-être de l'amour. J'ai même dormi chez lui. Je savais que j'en voudrais plus. Qui ça dérange qu'il ne sache même pas comment faire une multiplication? Cet homme était quelque chose comme un signe de Dieu.»

2. Poupée anale nationale, d'Alina Reyes

Ce récit est le délire sanguinaire d'une femme d'extrême-droite obsédée par ses hémorroïdes. Des insultes, des tracas politiques et scatologies...ce n'est pas nécessairement excitant, mais c'est intéressant de lire un livre aussi osé, surtout en gardant en tête la montée du Front National de Marine Le Pen en France.

Extrait: «Le truc que j'ai compris, c'est qu'ils reçoivent toutes sortes de gens - des hommes politiques des autres partis du pays, des tueurs à gages, des banquiers, tout un tas de chefs, des Nationaux des autres pays, et cetera. Pour que tout le monde soit à l'aise, zou, cagoule obligatoire. Je me touche en les matant. J'arrive jamais jusqu'au bout parce que je ne suis pas dans une bonne position. Des fois, agenouillée derrière ma serrure, je m'imagine qu'ils s'aperçoivent que je suis là.»

3. Middlesex, de Jeffrey Eugenides

C'est une saga familiale, historique, touchante et tragique, aux rebondissements surprenants et souvent rigolos. Les personnages y sont fascinants, d'un hermaphrodite à une grand-mère qui fait l'élevage de vers à soie. Si ce n'est pas un roman érotique, le sexe et les questions sexuelles y sont très présents, entre une manifestation meurtrière et une douche dans le vestiaire de l'école.

Extrait: «Elle avait un bras sur le visage, comme une barre sur un écriteau signifiant: "Défense de toucher." Je me contentai donc de regarder. Doucement, je soulevai le drap qui la recouvrait. Dans la semi-obscurité, son contour apparut, le monticule de ses seins sous le T-shirt, la douce colline de son ventre, puis le brillant de son slip, convergeant en V.»

4. Vers chez les blancs, de Philippe Djian

C'est le premier livre qui m'a excitée à me donner l'envie de me toucher. Philippe Djian, il peut écrire sur tout, d'un ours qui tue les passagers d'un autobus au quotidien d'une troupe de danse. Il peut écrire sur tout, mais en gardant toujours une plume risquée, une sexualité perturbée et sulfureuse. Dans Vers chez les blancs, un écrivain vend des algues thérapeutiques et devient obsédé par la femme de son meilleur ami.

Extrait: «Je pus la reprendre en levrette. Nous étions en effet sortis dans le jardin et je l'avais branlée avec le tuyau d'arrosage en réglant le jet sur une faible pression mais en visant juste. Après la levrette, elle s'écroula. Je la remis à quatre pattes et l'enculai tout en lui massant les fesses avec la crème solaire que Patrick employait pour son visage.»

5. Politique, d'Adam Thirwell

Un roman éclaté, qui propose une certaine étiquette sexuelle quant à l'usage de menottes roses trop grandes pour de mini poignets et sur la façon de réussir à lire alors que deux personnes font une course à l'orgasme à deux centimètres de votre livre de chevet.

Extrait: «Il introduisit deux doigts dans son con tandis que son pouce s'enfonçait dans son trou du cul. Ses doigts formaient la configuration plus communément utilisée pour tenir une boule de bowling.»

D'autres romans sont savoureux, délectables de cynisme, de tendresse alcoolisée et de sexualité débridée. Je pense aux livres de Virginie Despentes, de Bret Easton Ellis, de Jean-Philippe Desrochers... d'autres suggestions?