Aimer les petites culottes: nouveau loisir social?

Bonjours Paris : J'ai déjà vendu mes petites culottes à un Allemand en visite au Québec. Le dernier dix dollars en ma possession avait été dépensés avec goût pour un hamburger et des rondelles d'oignons au restaurant Miami Deli. Entre emprunter de l'argent à mes parents, refaire mon CV ou vendre mes culottes, j'avais choisi ce qui me semblait le plus rapide et divertissant.

ENQUÊTE SUR UN COMMERCE RASSEMBLEUR ET EXCITANT

Quelques années plus tard, je ne savais pas que la vente des petites culottes était devenu un véritable commerce populaire et rassembleur. Un site français a fait une enquête à ce sujet, afin d'en savoir plus sur les acheteurs. Les résultats ne sont pas si étonnants (31 % des acheteurs se masturbent avec le dessous déjà porté, 0 % font leur vaisselle avec). La conclusion à l'enquête est même amusante: «Il ne suffit pas d'être belle pour vendre ses culottes sales: l'achat d'une culotte est avant tout un échange humain.»

Interpellée à l'idée que les culottes seraient propices à la bonne entente sociale, j'ai décidé de questionner les créateurs du site vendant des sous-vêtements féminins et instigateurs de la recherche sur les admirateurs de bouts de tissus usagés, «Vends ta culotte».

BURUSERA OU L'AMOUR DES DESSOUS USAGÉS

Mélodie Nelson: «Quand vous étiez gamins, vous fantasmiez sur quoi?»

Paul: «Moi j'aimais bien les petites culottes, car mon père parlait tout le temps de la «fameuse petite culotte de Madonna». Jean-Michel, lui, aimait les seins (il adore toujours, et même plus précisément, le bas de l'arrondi des seins).»

MN: »Vous dites que l'intérêt pour les petites culottes vient du Japon. Comment avez-vous pris connaissance du phénomène? Étiez-vous acheteur? Curieux de tout phénomène sexuel?«

P: «J'ai pris conscience du phénomène en lisant un article à propos du Japon. Du coup, avec deux copains, on s'est dit que ça serait top de faire un site. On était aussi intéressés à créer un site "différent", plus mignon, rigolo que les sites pour adultes vulgaires. On voulait casser les codes, sortir de l'adulte "classique", souvent hélas assimilé au vulgaire. Nous n'étions pas acheteurs (nous le sommes aujourd'hui, occasionnellement).»

VENDRE SES CULOTTES POUR L'ARGENT ET SE TROUVER UN CHÉRI

MN: «Selon vous, pourquoi des femmes aiment vendre leurs petites culottes? Et pourquoi certains hommes trouvent cet objet très excitant?»

P: «Au début, nous pensions que les femmes vendaient leurs dessous pour des raisons purement pécuniaires. Puis, on s'est aperçus que cela reste sans doute un facteur important, mais d'autres facteurs comptent beaucoup: l'exhibition, l'excitation de se savoir désirée, accepter son corps et savoir qu'il plait pour mieux se sentir dans sa peau, les amitiés nouées. Des couples se sont créés dans notre communauté. Pour les hommes, ce qui est excitant, c'est d'avoir un accès privilégié au symbole de l'intimité féminine, à ce bout de tissu inaccessible, caché au creux des jambes. L'imagination, les odeurs, ce sont de grands facteurs d'excitation. Il ne faut pas non plus négliger le contact, la discussion, la relation sociale, voire la complicité qui se noue avec la vendeuse.»

UNE ACTIVITÉ LUDIQUE POUR SE SENTIR MOINS SEUL

MN: «Puisque la petite culotte servirait de lien social, à quel besoin répond-elle? Je veux dire, est-ce qu'avant la petite culotte, la société avait autre chose à proposer pour l'amorce d'un lien social?»

P:
 «La culotte permet de démocratiser le sexe pour tous: tout le monde peut s'amuser à vendre ou acheter une culotte sur Internet. Ça c'est nouveau. En revanche, il n'y a rien de révolutionnaire dans notre démarche: on répond à un vide. Il y a un besoin sans cesse croissant dans notre société de lien social. Même si on est "ultra connecté", on se sent toujours plus seul, on a besoin de rêver. Certains se projettent dans les culottes, d'autres dans la cuisine, dans le sport, la création artistique. Nous, on voudrait que "l'art de la culotte" soit pratiqué comme un "hobby".»